Ce vendredi 8 novembre, à 05h 49mn 4s (heure française), Gilles Lamiré et Antoine Carpentier ont franchi la ligne d’arrivée de la 14e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en première position de la catégorie Multi50, avant jury. Le duo aura mis 11 jours 16 h 34 mn et 41s pour parcourir les 4 350 milles théoriques depuis Le Havre à la vitesse moyenne de 15,50 nœuds, mais il a réellement parcouru 4 926 milles à 17,56 nœuds.
Au départ du Havre, Gilles Lamiré avait beau annoncer qu’il venait pour gagner, Groupe GCA - Mille et un sourires n’était pas le favori des bookmakers de cette 14ème Route du café. Mais en rachetant cette année l’ex-Crêpes Waouh 3 de son premier nom, un plan VPLP de 2009 au palmarès exceptionnel, le skipper malouin savait qu’il disposait désormais d’une arme à la hauteur de ses ambitions. Après six ans passés sur le circuit Multi50, celui qui a déjà empoché en solitaire la Transat anglaise en 2016 s’était adjoint les services d’ un co-skipper aussi discret qu’efficace. Déjà vainqueur à Salvador de Bahia en Class40 il y a deux ans aux côtés de Maxime Sorel, Antoine Carpentier est à l’aise sur tous les supports, aussi bien entre trois bouées qu’au grand large.
Après l’arrivée victorieuse dans la nuit bahianaise du tandem Lamiré/Carpentier sur leur Multi50 Groupe GCA – Mille et un sourires, ce fut au tour de Solidaires En Peloton – ARSEP, le trimaran de Thibaut Vauchel-Camus et Frédéric Duthil de couper la ligne à 15h 53mn 01s (heure française) très exactement sous le soleil brûlant du Brésil et la mer turquoise. Derrière, la course bat son plein avec des foilers en plein vol et des Class40 bien empêtrés dans le Pot-au-noir. Du large de la Mauritanie à Recife, la flotte s’étire sur près de 2 000 milles !
Le parcours de 4 350 milles en diagonale du Havre à Salvador de Bahia réserve tous les deux ans son lot de surprises et de belles histoires à raconter. Le podium en Multi50 est donc défini aujourd’hui depuis l’arrivée du trimaran bleu Solidaires-En-Peloton, deuxième dans la Baie de Tous les Saints, dans un show à l’américaine : coque levée jusqu’à l’extrême, sillage blanc sur mer limpide, skippers hilares et émus. Une bien belle image d’arrivée à Salvador de Bahia. Demain aux alentours de 15h (heure française), ce sera au tour de Sébastien Rogues et de Matthieu Souben sur Primonial d’en finir avec la 14e Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, eux qui avaient dû s’arrêter au Cap Vert quelques heures pour un problème d’énergie.
Class40 : Pot de colle
« Endroit sinistre », « pays du Mordor », « merdier », les marins ne se lassent pas de qualifier le Pot-au-noir dans leurs messages envoyés depuis le bord. C’est bien dans cette zone confuse que sont actuellement les 10 premiers Class40. Crédit Mutuel, toujours en tête conserve 65 milles d’avance sur Leyton malgré une trajectoire très chaloupée. Pour le moment, le grand perdant de la zone de convergence intertropicale est Aïna Enfance & Avenir, mais ne prédisons de rien, le trio de tête n’est pas encore sorti de l’auberge. « Nous sommes un petit groupe de 3, 4 bateaux, Banque du Léman, Made in Midi, Linkt et nous. On a manifestement vu la même chose puisque l’on est dans le même coin. » racontait ce midi Aurélien Ducroz sur Crosscall Chamonix Mont-blanc aux manettes tandis que Louis Duc se reposait. Dans la flotte des Class40, nombreux sont les bizuths du Pot-au-noir et de l’équateur. L’appréhension, le stress mélangé à la curiosité trottent dans les têtes comme pour Frédéric Duchemin sur #Attitude Manche : « On ne connaît pas, on imagine à travers les récits, traverser le Pot-au-noir n’est pas rien dans la vie de marin ! ».
IMOCA : En plein vol
Derrière le tandem Dalin/Eliès sur Apivia qui affiche ce midi plus de 235 milles d’avance sur ses poursuivants PRB et Banque Populaire au coude à coude, la porte de sortie du Pot-au-noir voient maintenant s’élancer une meute impatiente d’en découdre sur ce dernier tronçon de la Route du café. « Ca bombarde !! Après un Pot-au-noir fastidieux, depuis une heure nous commençons à bien accélérer, ça fait plaisir. On est sous le soleil avec 18/22 nœuds de vitesse pour 18 nœuds de vent, les conditions sont idéales pour nos foilers. Ça fait du bien de relâcher les chevaux !! » racontait heureux Thomas Ruyant ce midi pile au moment où il passait l’équateur sur son Advens for Cybersecurité, le tout dernier des IMOCA à foils mis à l’eau. Car oui ! Ce sont des conditions propices à voler, sustenter le bateau, le dégager du frottement de l’eau, bref filer à vivre allure vers le Brésil. A bord de Prysmian Groupe, Giancarlo Pedote ronge son frein : « Le Pot-au-noir est compliqué… après j’ai toujours vécu des Pots compliqués !! Il n’y a pas de règle, il faut avoir un peu de chance… Nous ne sommes pas sûrs d’en être sortis encore ». A 1000 milles d’Apivia, les Norvégiens sur Ariel 2 comment tout juste à sentir les prémices du Pot de colle…
Partis prudemment du Havre, Gilles et Antoine ont su temporiser en Manche, laissant leurs concurrents filer devant sans pour autant se faire décrocher. Leur retard maximum a atteint 67 milles le 30 octobre avant d’entrer dans la dorsale anticyclonique au sud de Gibraltar. Profitant d’un décalage un peu trop Est de Solidaires En Peloton - ARSEP qui avait jusque-là réalisé un sans-faute, ils ont fait preuve d’une trajectoire beaucoup plus tendue et économe en milles, sans jamais s’arrêter. Au coude à coude avec Primonial puis en tête le 1er novembre au sud des Canaries, ils n’ont plus jamais abandonné le leader ship, creusant l’écart à chaque classement. En passant entre les îles Sao Vicente et Santo Antao au Cap Vert, ils ont profité du bon coup d’accélérateur dans le canal sans subir les dévents de ces îles volcaniques. Quant au Pot-au-noir, traversé en moins de 24 heures, ce fût une formalité. Prenant confiance dans leur bateau tout au long de cette Route du café, Gilles Lamiré et Antoine Carpentier ont su accélérer quand il le fallait et maintenir ensuite un rythme élevé avec de très belles moyennes dans l’alizé.
Là où d’autres auraient temporisé, le tandem a navigué en regardant toujours vers le but, sans se retourner.
Routés par Christian Dumard, Gilles Lamiré et Antoine Carpentier signent une course parfaite, à la hauteur de leur trimaran, le plus titré de l’histoire de la Classe Multi50. Groupe GCA - Mille et un sourires empoche à Salvador de Bahia sa sixième victoire dans une course transatlantique, dont quatre Route du café.
En franchissant la ligne à 05h 49mn 41s (heure française), Gilles Lamiré et Antoine Carpentier s’offrent une superbe victoire à Salvador de Bahia dans la catégorie des Multi50. Derrière eux, 51 bateaux convergent vers le Brésil avec toujours Apivia en éclaireur chez les IMOCA et Crédit Mutuel chez les Class40.
Alors que le premier duo de cette 14ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre savoure la fraîcheur d’une caïpirinha bien méritée, ça bataille ferme dans la moiteur équatoriale.
Multi50 : Lamiré-Carpentier, à la régulière.
« On essaie de faire la route la plus courte » tel était le credo de Groupe GCA - Mille et un sourires à la veille de prendre les commandes de la course le 1er novembre pour ne plus les lâcher jusqu’à la ligne d’arrivée. Routés par Christian Dumard, les deux hommes à l’expérience bien trempée sur la Route du café (4ème participation pour chacun d’eux dont deux victoires pour Antoine Carpentier) dessinent une trajectoire parfaite traversant chaque système météo avec brio et avalant le Pot-au-noir en quelques heures. Le premier tronçon de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre voyait pourtant Solidaires En Peloton – ARSEP mener largement la flotte des trois multicoques, lui qui partait du Havre en favori étant le bateau à foils le plus récent de la classe Multi50. Le décalage Est de ce dernier dans la descente vers les Canaries, fut une erreur fatale. Groupe GCA – Mille et un sourires et sa route plus directe ont rapidement récolté les fruits de leur excellente stratégie. Une première victoire pour Gilles Lamiré sur la Route du café à bord d’un multicoque désormais légendaire qui signe son sixième sacre sur une course transatlantique dont 4 sur la Route du café. A Salvador de Bahia cette nuit, sous les applaudissements et le feu d’artifice traditionnel, l’émotion était intense pour les deux skippers, heureux d’avoir navigué vite et bien !
IMOCA : Le sprint final a commencé
Sorti dès ce matin du Pot-au-noir, Apivia continue d’accroître son avance sur ses poursuivants. Lancés à 17 nœuds sur la route directe pendant que leurs dauphins retrouvent à peine des vitesses à deux chiffres, Charlie Dalin et Yann Eliès ont accumulé un joli matelas de 200 milles à 800 nautiques du but. A part le mauvais sort, on voir mal qui pourrait aujourd’hui venir leur contester une entrée victorieuse à Salvador de Bahia dans 48 heures.
Derrière en revanche, neuf bateaux se tiennent en 90 milles et les places vont être chères sur le podium. Deuxième ce soir, Banque Populaire a probablement mangé son pain blanc. Aux allures qui prédominent sur la fin de parcours, Clarisse Crémer et Arrmel Le Cléac’h auront plus de mal à contenir les assauts des foilers. PRB et 11th Hour Racing se tiennent en dix milles et sont redoutables à cette allure. Cinquième, Charal semble enfin sorti de son calvaire où il aura perdu plus de 350 milles et sans doute pas mal d’énergie. La rage de rejoindre le podium l’emportera-t-elle sur la frustration d’une victoire diluée dans le Pot-au-noir ?
Car encore derrière, les prétendants ne manquent pas : Sur le bon bord jusqu’à Salvador de Bahia, celui de son foil intact, Arkea-Paprec vendra chèrement sa peau, tout comme Thomas Ruyant et Antoine Koch, auteurs d’une improbable remontée. C’est une superbe empoignade qui s’annonce pour un podium plus ouvert que jamais.
En queue de flotte, cinq IMOCA ne sont toujours pas encore entrés dans le Pot-au-noir : Campagne de France, 4myplanet, Pip Hare Ocean racing, Un Monde sans Sida et Ariel 2. Voilà ce qui les attend, brossé par Stéphane Le Diraison dont le Time for Oceans salue ses premiers grains : « Au menu, rafales puissantes et soudaines, éclairs dans une ambiance d’apocalypse, ciel bouché nous plongeant dans la pénombre... Sur leur chemin, les nuages pompent toute l'énergie, si bien que derrière eux il n'y a plus de vent, plus de vent du tout (…) Vous l'avez compris j'aborde le Pot-au-noir avec un mélange d'excitation, de fascination et d'appréhension, nous y voilà dans quelques heures, que le spectacle commence ! »
Class40 : Compression en tête de flotte
Entré dans le Pot-au-noir depuis hier midi, Crédit Mutuel a sérieusement ralenti et voit logiquement revenir dans le rétroviseur le tandem Leyton et Aïna Enfance & Avenir aux prises eux aussi ce matin avec leurs premiers grains. Ces deux-là ont 300 milles pour tenter de revenir à la hauteur de l’épouvantail rouge et blanc, voire le dépasser s’ils veulent avoir une chance dans l’alizé de sud-est où le plan Raison risque de refaire la démonstration de sa puissance. Même si d’un jour à l’autre, le Pot-au-noir peut changer de visage comme il l’a montré entre le passage des Multi50 et des IMOCA, la zone de convergence semble encore bien épaisse à traverser. Ce soir, Crédit Mutuel est arrêté : « Hier, on cavalait encore à 15 nœuds et là, on est scotché. Je suis debout dans le bateau, je n’ai même pas besoin de me tenir. C’est sans transition et j’espère que ça ne va pas trop durer. On fait du Sud autant que possible et quand le vent est de face, on choisit le bord le plus rapprochant » racontait fataliste Adrien Hardy à la vacation.
Derrière les leaders, Banque du Léman est toujours quatrième à 174 milles et la flotte se répartie ensuite en deux paquets distincts. L’un mené par Made in Midi évolue au sud du Cap Vert, alors que le deuxième, à la tête duquel Eärendil a signé un joli retour, est encore au nord du 15ème degré de latitude. Equipe Voile Parkinson ferme la marche à 1000 milles des leaders et n’a toujours pas bouclé la moitié du parcours.
Ce vendredi 8 novembre, à 15h 53mn 01s (heure française), Thibaut Vauchel-Camus et Frédéric Duthil ont franchi la ligne d’arrivée de la 14e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en deuxième position de la catégorie Multi50. Le duo aura mis 12 jours 02h 38mn et 01s pour parcourir les 4 350 milles théoriques depuis Le Havre à la vitesse moyenne de 14,97 nœuds, mais il a réellement parcouru 5054 milles à 17,39 nœuds. Son écart au premier Groupe CGA Mille et un sourires est de 10h 20mn 03s.
Partis grands favoris du Havre, Thibaut Vauchel Camus et Frédéric Duthil ont rapidement pris les choses en main. Premier sur la ligne de départ, premier à Etretat et impérial dans la descente musclée de la Manche, le duo confirme d’emblée sa maîtrise du sujet. En tête jusqu’à Gibraltar, avec jusqu’à 70 milles d’avance sur ses deux poursuivants, Solidaires En Peloton-ARSEP a ensuite souffert dans le passage de la dorsale qui régissait l’entrée dans l’alizé. Plutôt que d’accepter de recroiser derrière Primonial et Groupe GCA Mille et un Sourires après ce petit épisode tactique, ils préfèrent suivre leur option à fond, traversent les Canaries et perdent beaucoup de terrain quand il faut se recaler dans l’ouest pour passer le Cap Vert et rejoindre le Pot-au-noir.
100 milles derrière Groupe GCA Mille et un sourires à l’entrée de la zone de convergence, leur passage est un peu moins fluide et dans le dernier tronçon qui conduit à Salvador de Bahia, ils ne semblent jamais en mesure de revenir.
Deuxième de cette 14ème Transat Jacques Vabre Normandie le Havre, ce n’était pas le score espéré pour Thibaut et Fred mais il démontre que cette année encore, la course en Multi50 était de très haut niveau.
Bonjour à tous
Le Pot-au-noir a au moins ça de bon... Quand le grain vient à point, douche rapide sous la pluie diluvienne et rasage de près pour attaquer à fond la nouvelle journée qui s'annonce encore bien tordue côté vent.
A très vite sur Groupe Sétin
Salut à tous,
Nuit tonique pour optimiser le passage du Cap Vert. On a été sur le pont quasiment toute la nuit. Autant dire que ça pique après 3 jours de barre! On a essayé d'optimiser la trajectoire en visant les accélérations des diverses îles et l'on a l'impression que cela a plutôt bien fonctionné ! On est en train d'éviter le dévent de Fogo. On a un peu hâte que le vent faiblisse un peu pour pouvoir mettre un peu le pilote !
En route pour le Pot-au-noir !
Bonjour à tous,
Tout va bien à bord d'Eärendil.
Nous avons traversé en ligne droite les iles ouest de l'Archipel du Cap Vert ce matin après le lever du jour et le paysage s'est avéré magnifique bien que pas très hospitalier. Nous avons rasé les côtes d'un ilot qui s'appelle Sao Vicente et avons continué sous le même bord. La remontée des fonds est spectaculaire en surface avec la mer qui se démonte en l'espace d'un instant, l'onde heurtant un obstacle, que dis-je une montagne !, de plus de 1000 mètres. quelques centaines de mètres plus loin, protégée par les iles, la mer redevient calme aussi soudainement qu'elle s'était fâchée 1 heure plus tôt. Je vous le confirme, les poissons volants sont maintenant bien présents.
La fin de nuit et la matinée ont été bien occupées avec le passage des îles. On est repassé quelques heures sous gennak pour viser le point de passage que nous avions décidé, ce qui n'est pas une mince affaire car le vent prend des shifts de 20° sur des durées toujours différentes. Bref, on est passé un peu près de Sao Vicente par rapport à nos calculs initiaux après être repassé sous spi. Mais on n'a pas été déventé: cette ile est plutôt basse pour le coin. On a touché un peu plus de vent (enfin !) et on vient de passer sous spi medium. Il parait qu'on en a jusqu'à ce soir alors on va essayer de profiter de l'aubaine.
Evidemment maintenant, en plus de lorgner sur nos petits camarades pour voir si on gagne sur eux et à quel rythme, toute notre attention se tourne vers le Pot-au-noir (Comme l'œil de Sauron pour ceux qui ont certaines lettres !). Un jour il semble qu'il sera clément avec nous, un autre jour il s'étoffe à notre passage. C'est la loi du genre : il est et reste peu prévisible.
A part cela, le ciel est de nouveau en grande majorité bleu. Fini pour le moment les quelques grains de la journée d'hier et son ciel gris menaçant. Le vent a aussi pris un peu plus d'est, ce qui nous permet de faire la route qu'on veut pour viser l'entrée du Pot au Noir, en cherchant à se placer là où il sera le plus maigrichon à traverser.
Et entre 2 petites manœuvres ou écritures ou autres, on carbure aux lyophals, au café et aussi au corn flakes le matin avec de la poudre en guise de lait. Pas si mal : au moins on ne se fait pas de souci sur la qualité et à l'usage c'est bien plus digeste. Il y a aussi des tas de petites sal.. sucrées, mais ça c'est plutôt pour Pietro.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui
Catherine et Pietro
Bonjour à tou(te)s
Cet endroit est sinistre et de nuit c'est pire ! Les grains sont sombres et ventés, quelque fois pas… Ça tourne dans tous les sens mais on avance toujours sous spi rouge, ce spi aux couleurs de la région Occitanie qui fait merveille depuis quelques jours dans le vent soutenu, au point de fondre comme la neige au soleil sur Chamonix (sic), on imagine bien qu’ils ont quelques soucis de voiles. Il doit leur manquer un beau spi rouge comme le nôtre... Nous sommes même devant maintenant et on aperçoit son feu de mât.
Mais on sait aussi que le plus difficile est à venir avec ce fichu Pot-au-noir qui ne fait que nous laisser entrapercevoir ce dont il est capable, c'est à dire souvent le pire.
Personnellement, je commence à avoir l'habitude mais pour Achille pour qui c'est une première, il y a de quoi être effrayé. Vivement que le jour se lève pour être plus sereins.
C'est le moment ou jamais à tous les fans de Made in Midi (et on sait qu'ils sont nombreux) d'envoyer des ondes positives afin de traverser au plus vite cette zone détestable !
Ce matin à 9h (heure française), Alex Thomson et Neal Mc Donald sont arrivés dans le port de Sao Vincente au Cap Vert. Ils ont ramené leur Hugo Boss dépourvu de quille depuis 800 milles dans le Nord de l'archipel. Pour rappel, Hugo Boss a heurté un OFNI le dimanche 3 novembre au matin et pour sauver l'intégrité du bateau les skippers ont été contraints de se séparer de la quille.
Joint à la vacation ce midi, Thibaut Vauchel-Camus nous raconte les dernières heures en mer avant le final dans la Baie de Tous les Saints. A Salvador de Bahia, tout est prêt pour accueillir le deuxième Multi50 de la 14e Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, après une belle nuit riche en émotions lors de l'arrivée de Gilles Lamiré et Antoine Carpentier (Groupe GCA - Mille et un sourires).
Thibaut Vauchel-Camus, skipper de Solidaires en Peloton - ARSEP
"Nous sommes à 36 milles de l’arrivée, on avance entre 11 et 14 nœuds sur la route directe, nous allons mettre, je pense, encore 3 heures pour arriver. On s’est mis en conformité ! Nous avons hissé le beau drapeau brésilien et les drapeaux Transat Jacques Vabre sur les galhaubans. On fait le ménage ! Nous avons vu quelques pêcheurs, ce n'est pas la foule par ici, c'est plutôt calme, peut-être qu’il y en aura plus près de Salvador. On est au vent de la côte, donc nous n'avons pas pu humer les odeurs de la côte, mais on a vu les lumières en se rapprochant il y a une quinzaine d’heures. En ce moment, nous longeons les belles plages, c’est super sympa. Mais ne ne sommes pas encore arrivés, c’est un peu long ! On devrait arriver à Salvador je pense vers 15h02 TU. Préparez la caïpi !"
Ca y est, nous sommes dedans et pour un bon moment !
La sortie n'est pas avant 400 milles environ. C'est loin.
Nous avons traversé en début de nuit une zone à très forte activité, avec éclairs énormes, grains violents, sautes de vent, rafales à plus de 35 noeuds, et maintenant nous sommes dans une sorte de merdasse, avec des éclairs tout autour de nous.
Difficile de savoir comment habiller le bateau dans ces conditions. La seule chose à dire c'est que c'est pénible. Manoeuvres et réglages incessants.
Franchement, c'est une drôle d'idée d'aller dans des coins pareils "pour le plaisir". La Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre se vante d'être la seule transat à faire traverser le Pot au Noir. A part pour la jouissance du spectateur qui se délecte de nos affres, et des retournement de situations, qui, j'espère, font au moins les choux gras des commentateurs "éclairés", je n'en vois pas bien l'intérêt. Les jeux du cirque et les gladiateurs, c'était bien aussi pour le public. Surtout quand les Chrétiens se faisaient bouffer par les lions... Faut croire que ça manque.
Mais le pire, c'est que nous sommes quand même contents d'être là. Le cerveau humain est quand même bizarrement fait.
Pas de sortie du merdier visible avant un bon moment. Il va falloir que l'on tienne la distance et depuis le départ le manque de sommeil commence à se faire sentir.
Avec tout ça, nos problèmes d'informatique et de connectiques diverses s'empirent et nous nous retrouvons souvent sans ordinateur, ou sans écran, ou sans clavier, ou sans souris, ou sans rien du tout. Nous avions un système qui fonctionnait pas trop mal cette saison et nous avons voulu, par précaution, le faire "vérifier". Depuis c'est la merde. Je soupçonne les informaticiens d'organiser leur indispensabilité en rendant tout système le plus instable possible pour pouvoir expliquer ensuite que cela vient forcément du matos et qu'évidemment la solution la plus "fiable",
si tant est que ce qualificatif puisse s'appliquer à l'informatique, c'est de tout changer.
L'informatique, dont nous sommes maintenant totalement dépendants, est vraiment l'illustration concrète de l'aberration de la société de consommation. La quintescence de l'obsolescence parfaitement organisée. Lorsque votre "Hard" est au top, ce sont les "Soft" qui ne suivent pas, et quand vous les mettez à jour, c'est le "Hard" qui n'est plus à la hauteur. Du grand n'importe quoi. Comment en est-on arrivé là? L'époque où l'on fabriquait des outils pour la vie et où l'on avait des vêtements que l'on pouvait racommoder et qui duraient, c'est d'ailleurs
pour cela qu'ils étaient si confortables car on est bien que dans des fringues qui se sont faites à nous, est bien fini.
Tant que l'on ne vendra que des trucs jetables, il ne faut pas venir me bassiner avec le Climat, et essayer de me dire que je fais tout mal et que tout est de ma faute. Essayer de culpabiliser les individus et vouloir faire de chacun de nous "un "éco-responsable", mais consommateurs quand même, est assez pervers. Il y a malheureusement bien souvent une arrière pensée consummériste derrière "l'écologie" que l'on essaye de nous vendre, comme tout autre produit. Normal, sinon le système s'écroule et il y en a qui risqueraient de se goinfrer moins. Je me demande si cette approche de plus en plus envahissante de cette "nouvelle écologie" ne déplace pas un peu le problème et évite de parler de certains sujets qui pourraient fâcher.
Mais bon, il parait que Greta va nous sauver... Amen.
Comme quoi, c'est assez normal de passer du Pot-au-noir au "Climat", car justement nous sommes en plein dedans. Peut-être même qu'il s'en trouvera pour dire que si le Pot au Noir de cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre est si conséquent cette année, c'est à cause des gaz à effet de serre. D'ailleurs Greta l'a vu, car de ses propres yeux elle avait remarqué en traversant l'Atlantique sur Malizia cet été qu'effectivement la concentration des molécules de CO2 dans l'air était effectivement hors norme. Pourquoi pas. Du moment que tout cela permet de planter une petite graine dans la tête de chacun pour remettre la Nature à sa place, c'est à dire au-dessus de nous, moi ça me va.
A bientôt
Hello !
il commence à faire vraiment chaud ! Cà tape dure à la barre, il faut être armé de crème, lunettes et chapeau ! D'autant que l'on a du mal à lâcher cette barre ! On est devenu surf addict ! Allez un dernier et je te la passe.. la playlist du moment 40 Thieves-Don't turn it off, et Paul kalkrenner -Aaron ! Le son à fond dans les oreilles, Edenred poussé à
bloc... Le vent baisse peu à peu, on est sous grand-voile haute et spi max, tour à tour on arrive à se reposer, il nous reste un peu plus de 1 700 miles à parcourir, la partie est loin d'être terminée et le Pot-au-noir à négocier n'est pas la moindre affaire !
Bien l'bonsoir !
Les Edenred's boys
Après avoir empanné ce matin pour refaire du sud nous avons attendu que le vent moyen vienne sous les 20 nœuds pour envoyer le grand spi de plus de 400 m carrés.C'est un test de confiance dans le pilote automatique car il faut vraiment aller droit et gérer les vagues qui viennent de l'arrière mais un peu sur le côté et peuvent faire partir le bateau au lof.Pour l'instant tout va bien et je suis même au clavier quand Tolga récupère sur le fat boy.Mais je suis méga stressé car c’était sans compter sur les nuages, pas très gros mais qui amènent dessous du vent plus fort ... jusqu'à 26 nœuds tout à l'heure.Alors j’ai un oeil aussi sur les compteurs et bondis dehors prêt à prendre la barre quand le vent force ...Et voilà un premier départ au lof ... Il a suffi de choquer l'écoute de spi et le bateau s'est remis à plat et dans la bonne direction.
Attendons les prochains nuages ...
Et hop ça accélère mais pas dans la bonne direction, en effet le vent prend de la droite et ça devient compliqué de faire le cap sachant que le vent est remonté en moyenne à 22 nœuds et donc on ne peut pas remonter plus avec le spi ... Finalement, il est minuit et on range le grand spi pour ne pas partir trop à l'ouest ... décidément pas de chance quand on est à l’attaque ! L'avantage c'est que je vais mieux dormir, en fait que je vais dormir tout court ...
Nous voilà donc maintenant les plus à l'est de notre flotte, demain matin à 8h40 TU on aura le bulletin météo France qui nous dira où est le meilleur point d'entrée dans le pot au noir et on verra s’il faut ajuster le tir. Cet après-midi nous avons fait une conférence téléphonique avec Gilead et c'était bien cool d'avoir le soutien de notre partenaire principal du projet, et juste après nous avons eu un visiteur à plumes sur le bateau ... Un petit échassier blanc qui avait bien du mal à se trouver une place stable (bienvenu au club !) Sur ce, j'ai les yeux qui commencent à clignoter et vous dis à demain pour de nouvelles aventures, peut-être le grand spi, le retour ?
Amitiés solidaires Erik
Comme si la loi des séries s'abattait sur nous...
Depuis la première nuit, où nous avons explosé notre spi médium dans un grain à 35 nœuds, nous n'avions eu aucun problème technique. Mais depuis hier, on les accumule... J'ose à peine vous le dire, mais nous avons eu une collision avec une tortue... Nous avons entendu un bruit sourd et quelques minutes après on se rend compte qu'une tortue à percuté le safran, un bout d'aileron (du safran...) est cassé, l'axe du haut qui tient le safran aussi et la platine qui tient le tout au tableau arrière; elle est légèrement tordue... Heureusement pour le moment ça tient, mais nous ne sommes pas hyper à l'aise. Nous avons fait un système pour que cet axe reste en place. Je suis désolée pour cette pauvre tortue, nous l'avons vu derrière le bateau, il n'y avait pas de sang, j'espère qu'elle à juste un gros bleu sous sa carapace... On parle souvent des fameux OFNI, mais je pense que se sont souvent des animaux que nos bateaux percutent. C'est un sujet un peu tabou dans notre milieu, tant il est horrible d'imaginer percuter un animal à pleine vitesse, avec nos safrans et nos voiles de quilles affutés comme des lames de rasoir, les pires scènes me viennent à l'esprit... Il faudrait inventer un système qui prévienne les animaux de notre arrivée, un genre de sonar multi espèces... Avis aux inventeurs fous et géniaux...
Bon voilà je vous ai dis ce que j'avais sur le cœur. Maintenant je continue la liste de nos problèmes techniques : hier soir nous avons eu un problème avec la chaussette à spi ,
impossible de la descendre alors que nous arrivions dans une zone de grains et venions de partir au lof violemment, du coup nous nous sommes épuisés à descendre les 200m2 de voiles, dont une partie est passée à l'eau et surtout après à la remettre dans sa chaussette, il faut l'avoir vécu pour comprendre la pénibilité de l'exercice... Ce soir, c'est une amure (qui tient les voiles au niveau du bout dehors) qui nous a lâchée, heureusement nous venions de descendre le spi pour passer sous code 5.
La manœuvre pour passer à l'amure de secours a été moins laborieuse. Évidemment tout cela se passe de nuit, pour faciliter les choses... En deux jours je peux vous dire que ça fait beaucoup et cela nous a occasionné un sacré ralentissement. Nous étions plutôt content de notre classement et espérions gagner quelques places. Mais aujourd'hui il
parait difficile de revenir à notre classement des derniers jours ou en tous cas de faire mieux. Il y a eu ces dernières heures, à bords, quelques sauts d'humeur (finement contenus par l'un et l'autre), dû à la fatigue, aux problèmes techniques et aux quelques choix stratégiques peu pertinents avec ce vent qui ne tourne jamais et nous oblige à enchaîner les empannages pour aller vers notre objectif. Mais ce soir le vent à enfin tourné et nous faisons cap direct sur Salvador de Bahia, pourvu que ca dure !!!
Nous sommes des warriors et la bataille n'est pas terminée !
Ca c'est le mot de la fin ;) A+!
CLASSEMENT MULTI50 à 09h00
Classement CLASS40 à 09h00
Classement IMOCA à 09h00